Chronique d'une référente de parcours de vie # 4
- N'oublions pas leur parole
- 4 oct. 2024
- 2 min de lecture
Mme A, a 90 ans. Je la rencontre pour la première fois, chez elle, dans ce quartier quia vécu, autant qu’elle. 7eme étage, l’ascenseur ne va que jusqu’au 6eme, on grimpe les derniers escaliers et l’enfilade de petites portes se présente à moi. 2 petits coups brefs sur la porte. Mme m’attend, elle m’ouvre et me sourit. Me fait entrer. « c’est pas grand chez moi hein » Je découvre une petite pièce sous les toits, du papier peint bleu délavé couleur nuage, comme le ciel que j’aperçois à travers les carreaux face à moi. Une petite cuisine au papier peint à grosses fleurs seventies, orange. Des placards en hauteur en Formica, un frigidaire aux formes rondes, une marque qui rappelle ces années 1970aujourd’hui révolues…. Une table poussée contre le mur, le calendrier , éphéméride au mur, puis une assiette creuse avec une simple tranche de jambon posée dessus,des pâtes et des haricots vers sous deux Tupperwares attendent sur la plaque électrique d’être réchauffées quand viendra l’heure du déjeuner. Les quelques médicaments attendent sagement dans leur boîte. « j’ai une bonne santé vous savez ». Le salon aux murs couleurs nuage, un parquet sans un grain de poussière, un clicclac replié, son couvre lit qui le recouvre..une table en bois aux pieds fins, toile cirée ,2 chaises en bois, une petite plante égaye la pièce… Une couleur rouge qui donne une petite note de gaieté dans cet univers pastel. Un cadre en argent posé sur un guéridon en bois, une photo de mariage en noir et blanc. Sourires , on pose pour la photo, la jolie robe blanche et le costume en noir un peu large. Puis quelques photos plus récentes, 1990, des neveux et nièces, photos punaisées au mur. « je les aime bien mais je ne les vois pas souvent ». Une armoire de style normande, massive, quelques vêtements de laine , de son défunt mari sont pliés et rangés à l’intérieur. « Je voulais les donner et puis je n’ai pas eu le courage….. » « Gardez les, ça ne prend pas de place et si ça vous fait du bien ». Elle me regarde,Elle sourit, énergique. Elle m’explique, déplie son petit clic clac chaque soir, pas assez de place dans cette petite pièce pour le laisser ouvert toute la journée. Il reprend sa place chaque matin avec son couvre lit bien étendu. Un placard mural intégré comme une cachette qu’on avait étant enfant. Rien d’autre. Le strict nécessaire. Toute une vie dans quelques mètres carrés.